Réactions cutanées liées à la prise de médicaments (toxidermie) (Pour les professionnels)
- Beaucoup de personnes ont probablement entendu du risque d’attraper un cancer de la peau après avoir subi une transplantation d’organes. Mais quelles sont les rapports entre ces deux entités individuelles?
- Afin de savoir, si en effet, on peut attraper une cancer de la peau après une transplantation d’organes, faisons un rappel de ce qu’est le cancer de la peau:
- Il existe plusieurs types de cancers de la peau en fonction du type cellulaire d’origine.
- Le cancer cutané qui provient des mélanocytes (cellules responsables de la pigmentation) s’appéle le mélanome (Mélanome malin).
- On appèle Carcinome Spinocellulaire le cancer de la peau originaire des cellules de la couche épineuse de la peau (Stratum Spinosum).
- Les cancers cutanés originaires de cellules de la couche basale de la peau (Stratum Basale) sont appelés Carcinomes Basocellulaires (certaines théories disent que les cellules épithéliales de la portion infundibulaire du follicule pilleux (poil) serait le point d’origine).
- Les cancers de la peau qui proviennent des cellules neuroendocrines (cellules qui libèrent des hormones en réponse à des signaux provenant du système nerveux) sont appelés Carcinomes Neuroendocrines (Tumeur de Merkel).
- D’autres cancers originaire de la peau (épiderme, derme, tissu sous-cutané (hypoderme)) sont beaucoup plus rares et ne seront pas dévéloppés ici.
- L’exposition solaire chronique au soleil (Carcinomes Basocellulaire et Spinocellulaire) et intense à court terme (Mélanome) sont des facteurs de risque pour avoir un cancer de la peau. Les personnes qui ont eu au moins un coup de soleil (érythème solaire) sont aussi plus à risque. Les sources artificielles de rayons ultraviolets (UV) comme les lampes solaires et les lits de bronzage devraient être évités. Les antécédants familiaux constituent un autre facteur de risque. Les personnes avec des peaux claires (Phototypes selon Fitzpatrick I et II) sont également plus à risque.
- Dans la littérature médicale scientifique, certaines études suggèrent que les cancers de la peau sont plus fréquents après une transplantation d’organes. Les cancers de la peau les plus fréquents sont alors les Carcinomes Spinocellulaire et Basocellulaire. Ceux-ci constituent 95% de tous les cancers survenant après une transplantation d’organes.
- Le risque d’avoir le cancer de la peau augmente avec le temps suivant la transplantation. Les Carcinomes Spinocellulaire et Basocellulaire apparaissent sur les zones exposées au soleil entre 8 et 10 ans après la tranplantation. Les lésions prennent une apparence kératosique, verruqueuse…Ces cancers liés aux transplantations sont plus prévalentes aux Etats-Unis, en Australie et en Europe de l’Ouest en raison de facteurs de prédipositions plus fréquents comme une peau, des yeux et des cheveux de couleur plus claire et une augmentation de la fréquence des coups de soleil (comportemental, variation saisonnière de l’intensité des UV, photosensibilité…).
- Ces cancers de peau sont plus aggressifs chez les patients transplantés: les carcinomes spinocellulaires ont un taux de récurrence de 13.4% et un taux de métastase de 5-8%. Toutefois, le taux de décès spécifiques aux carcinomes spinocellulaires n’est pas connu.
- Pourquoi est-ce que les cancers de la peau se produisent après la transplanation d’organes ? Une des choses que les scientifiques regardent se fait au niveau des médicaments immunosuppresseurs: du type du médicament, de son dosage, de la durée de son administration. Nous pouvons conclure que suivant une transplantation et une mise sous traitement immunosuppresseur pendant longtemps, il y à de plus fortes doses ou des substances particulières au sein de ce groupe; en plus de facteurs de risque déjà mentionés (génétique/géographique), les risques sont plus grands. Ces cancers ont aussi plus fréquents si ces patients recevant un traitement immunosuppresseur ont plus de 55 ans.
- Des exemples de médicaments immunosuppresseurs sont la cyclosporine, l’azathioprine et le sirolimus. Si ces médicaments sont combinés ou administrés à de plus fortes doses, le risque de cancer de la peau est plus grand.
- Un mot sur l’Azathioprine: Elle sensibilise les cellules et les rend plus susceptibles aux dommages induit par l’ADN. Cela les entraîne à libérer les espèces d’oxygène réactives (Reactive Oxygen Species or ROS) en réponse à l’exposition aux rayons UV.
Solutions
Quelles sont donc les solutions ?
- Une des solutions consiste à utiliser des immunosuppresseurs qui ont un risque plus faible d’entraîner des cancers de peau. Il y a actuellement beaucoup d’études cliniques qui visent à découvrir de nouveaux agents immunosuppresseurs qui ne prédisposent pas les personnes à avoir un cancer de la peau.
- Une autre solution est de transplanter des personnes avec un risque plus bas d’avoir un cancer cutané suivant une transplantation d’organes. Pour rappel, si un patient à une peau, des yeux, des cheveux clairs et qu’elle attrape des coups de soleil facilement (photosensibilité), les risques sont plus importants.
- Une troisième option consiste à détecter les cancers de peau précocément en examinant soi-même la peau et en la faisant régulièrement contrôler par un dermatologue. Une détection rapide permet souvent un traitement curatif. Si vous avez subi une transplantation d’organes, vous devriez surveiller votre peau à la recherche de croissances cutanées. Le meilleur moment d’examiner la peau est après la douche ou le bain. Regardez votre peau avez une bonne luminosité. Vous devriez la regarder à la recherche:
- d’un nouveau grain de beauté (névus mélanocytaire)
- d’un changment au niveau d’un grain de beauté déjà présent: changement de la taille, de la forme, de la couleur de la consistance. Aussi faire attention à une lésion qui saigne ou encore d’une plaie qui ne guérit pas.
- une tache ou une élévation rouge ou vioacée, une nouvelle bosse ferme couleur chair.
- Si vous avez subi une transplantation d’organes, vous devriez changer vos habitudes comme éviter une exposition solaire et en portant des habits adaptés et en mettant de la crème solaire. (indice de protection d’au moins 30, voire un écran total). Vous devriez aussi être plus alerte au changments au niveau de votre peau; détectés plus tôt le traitement n’en sera que plus efficace.
Références:
1. Gillian M, Murphy E, Fergal. The Pathogenesis of Skin Cancer in Organ Transplant Recipients. Vanderbilt University, Tennessee 2008. pp. 137-141
2. Clowers-Webb H, Weaver A, Otley C. Educational Outcomes Regarding Skin Cancer in Organ Transplant Recipients. American Medical Association. Arch Dermatol.Vol 142, June 2006. pp 172-174.
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