Low rates of clinical recurrence after biopsy of benign to moderately dysplastic melanocytic nevi (DN).
Goodson AG, Florell SR, Boucher KM, Grossman D.
J Am Acad Dermatol. 2010 Apr;62(4):591-6. Epub 2009 Dec 16.
La peur du mélanome à l’examen clinique de toute lésion pigmentée amène souvent à l’excision complète de névi dysplasiques (ND) quand les marges de la biopsie sont positives. Toutefois, les conclusions de cette étude suggèrent une attitude plus conservatrice.
- Dans cette étude, les auteurs ont tenté d’établir le taux de récurrence de ND qui ont été biopsiés et d’établir si:
- la méthode de biopsie
- l’implication des marges de la biopsie (marges positives ou négatives)
- la présence de caractéristiques d’un névus congénital
- la localisation épidermique
- et le degré de dysplasie étaient associés avec le retour du « grain de beauté ».
- Les patients ayant eu une biopsie de névus mélanocytaire au moins 2 ans auparavant étaient inclus dans l’étude afin d’observer la présence d’une récidive. Les biopsies étaient examinées par des dermatopathologues.
- Au total, 271 biopsies de névi mélonocytaires chez 115 patients ont été évalués. Sur 195 ND après deux ans de suivi:
- 7 (3.6%) ont récidivé cliniquement. En tout, 98ND ont été suivis au moins 4 sans sans qu’il n’y ait de récidive. Aucun ND de type sévère n’était présent dans l’étude (commentaire: retiré ou pas inclus ?).
- Sur un total de 61 névi mélanocytaires bénigns, une récidive clinique était observée dans deux cas (3.3%).
- Pour tous les névi mélanocytaires, le risque de récidive était plus grand si la méthode de biopsie se faisait par « shave » (excision tangentielle).
- Il n’y avait PAS de risques de récidive augmentés si:
- le nevus était dysplasique quelque soit le degré de sévérité (NB: aucun ND de type sévère n’était présent dans l’étude)
- les marges de la biopsie étaient positives
- des caractéristiques congénitales étaient présentes
L’excision de nevi mélanocytaires peut ne pas être nécessaire selon les auteurs de cette étude. Toutefois les auteurs admettent aussi une grande variabilité d’interprétation histologique de telles lésions. En effet 21% des lésions diagnostiquées comme ND s’avèrent être selon d’autres s’avèrent être des mélanomes in situ (1). A l’inverse, 12% des lésions initialement diagnostiquées comme mélanome in situ sont selon d’autres dermatopathologues des ND (1).
Aussi le gradage de la sévérité des ND (légère, moyenne, sévère) est quelque peu subjective car une définition précise fait défaut. Et comme ont vient aussi de montrer (ci-dessus) que les ND dysplasiques sont selon d’autre des mélanomes in situ, personnellement nous exciserions toute lésions dont la biopsie reviendrait comme un ND moyen ou plus. Cette attitude serait encore davantage justifiée si le patient a un phototype clair ou à un antécédent personel ou familial de mélanome. Il demeure beaucoup plus acceptable d’avoir une plus grande cicatrice qu’un mélanome non traité (aussi peu profond soit-il). Dans les deux situations du reste, des contrôles réguliers demeurent nécessaires.
Pour finir, les conclusions des auteurs de cette étude est que les névi mélanocytaires bénigns et les ND de grade léger à moyen pourraient ne justfier aucune prise en charge interventionnelle supplémentaire. Toutefois il nàest pas tenu compte que les patients peuvent aller voir un autre dermatologue lors de récidive. Il serait intéressant de faire des études prospectives tenant également en compte les facteurs de risques clininiques et anamnestiques de mélanome en compte.
(1). Inter-observer variation in the histopathological diagnosis of clinically suspicious pigmented skin lesions; Brochez L, Verhaeghe E, Grosshans E, Haneke E, Piérard G, Ruiter D, Naeyaert JM.; J Pathol. 2002 Apr;196(4):459-66.